Bienvenue sur la Passion du Brochet.

Pêche du brochet : en rivière, en lac et en canaux.

lapassiondubrochet@gmail.com

Retour aux
articles

1980-2010 : De la Semois à l’Irlande en pêchant le brochet.

1980-1990. Belgique et Ardennes françaises.

En rivière et fleuve. Semois, Ourthe et Meuse.

Durant ces années, la pêche au vif était la plus pratiquée en raison de sa simplicité, de son efficacité et de l’instant émotionnel produit par la disparition du flotteur. Elle était pratiquée principalement par les pêcheurs au poisson blanc qui en seconde ligne plaçaient une ligne au vif depuis leur barque.

A côté d’eux, il y avait les pêcheurs itinérants qui traquaient le brochet de poste en poste en pratiquant la pêche au vif et au mort manié. Ce mode de pêche stratégique demandait une bonne connaissance des lieux et permettait de réussir régulièrement des 80+ considérés à l’époque comme de très belles prises. Très physique, elle était pratiquée par une certaine élite du monde de la pêche.

Il y avait également les pêcheurs passionnés uniquement par la pêche au leurre. Leurs résultats étaient généralement négatifs au regard des pêcheurs pratiquant le mort manié. Il semblait que ce genre de pêche venant des Etats-Unis depuis 1960 ne convenait pas au brochet, d’où son manque de pratique.

En lac. Eau d’heure.

La pêche la plus pratiquée était celle du vif au pater noster et également au mort manié.

Le Cash and Release.

Cela n’existait pas. Quel que soit l’endroit, rivière ou lac, tout brochet maillé était tué et mangé lors d’un repas familial. La prise d’un brochet métré était rare en rivière mais moins en lac. Elle faisait à l’occasion l’objet d’articles dans la presse locale ou halieutique du pays.

En ce qui me concerne, c’était à partir de 1965 que j’avais commencé à pêcher la truite fario ainsi que le brochet mais celui-ci uniquement en automne. En 1980, maîtrisant parfaitement le manié truite et brochet, j’avais décidé d’habiter un petit village le long de la Semois afin d’y vivre ma passion pêche. Rivière poissonneuse bien gérée par les locaux, le brochet y était abondant et l’endroit paradisiaque. J’y ai pêché pratiquement tous les jours ouvrables et ceci durant trente ans. Chaque sortie étant trop courte, j’avais besoin d’y retourner le lendemain afin d’y vivre d’autres moments forts.

La Semois prend ses sources dans la ville d’Arlon en Belgique. Après avoir traversé la Gaume, elle rentre en Ardenne en traversant les villages de Fouches, Sampont, Etalle, Tintigny, Chiny, Lacuisine, Florenville, Herbeumont, Cugnon, Auby, Dohan, Bouillon, Poupehan, Frahan, Alle, Chairière, Mouzaive, Laforêt, Vresse, Membre et Bohan. Elle rentre ensuite en France pour se jeter après 20 km dans la Meuse. Son parcours totalise 210 km de rivière sauvage. Formant de nombreux méandres, sa distance à vol d’oiseau entre sa source et sa zone confluente avec la Meuse est de 80 km.

A cette époque, la région était réputée pour l’accueil de ses habitants, sa qualité de vie et sa rivière considérée comme l’une des plus belles d’Europe en raison de sa richesse piscicole et de son accessibilité.

Durant les années 1975 et 1976, la Basse Semois (aval de bouillon) avait connu une eutrophisation sérieuse ; des « blooms » d’algues avaient causé des mortalités massives de poissons et surtout en Semois française. La majorité des très gros géniteurs avaient disparu. Devant cette catastrophe, les fédérations de pêche soutenues par les pêcheurs avaient réagi en rempoissonnant certaines espèces dont le brochet. Au fil des années, la Semois avait retrouvé une biomasse positive dont celle du brochet. Constatant ce succès et étant donné la demande des pêcheurs, les sociétés de pêche avaient intensifié leurs repeuplements en brochet : vésicules résorbées, fingerlings et brochetons 20-40. Peu d’années après, elle était devenue la première rivière belge pour la pêche du brochet et son étude. Le barbeau, poisson repère de la rivière était également très présent.

« Algal bloom est une augmentation relativement rapide de la concentration d'une espèce d'algues ou les cyanobactéries, anciennement appelées algues bleues, appartenant généralement au phytoplancton, dans un système aquatique d'eau douce, saumâtre ou salée. Cette prolifération se traduit généralement par une coloration de l'eau (en rouge, brun, brun-jaune ou vert). Ces couleurs sont dues aux pigments photosynthétiques dominants des cellules algales en cause. Le phénomène peut être naturel ou favorisé par des pollutions terrigènes (nitrates, phosphates). Dans ces derniers cas, des proliférations intenses et longues peuvent conduire à des « zones mortes », en raison d'une consommation de la totalité de l'oxygène dissous dans l'eau la nuit ou d'émissions de toxines par certaines espèces de plancton… ». Extrait de Wikipédia.

1990-2000. Belgique et Ardennes françaises.

En rivière et fleuve. Semois, Ourthe et Meuse.

Durant cette décennie, la pêche statique du brochet au vif s’était convertie en une pêche itinérante au vif. Véritable traque, celle-ci avait son matériel spécifique et ses modes d’approche bien définis dans tous les magazines halieutiques de l’époque.

En lac. Eau d’heure.

La pêche la plus pratiquée du bord était toujours celle au pater noster.

La pêche sportive.

Pour les précurseurs de la pêche sportive du brochet que ce soit en rivière, en fleuve ou en lac, celle-ci devait se pratiquer au mort manié. Elle était pour son efficacité la meilleure. Progressivement, les pêcheurs la firent évoluer en changeant le poisson mort par une cuiller ondulante ou par un leurre souple en forme de grosse virgule plus adapté à la pêche du brochet. Maniés de la même façon, ces deux leurres étaient aussi prenants.

En ce qui concerne les leurres durs fabriqués en balsa ou en dérivés de plastique, les pêcheurs s’y étaient également intéressés en étudiant leurs utilisations. Le succès rapidement rencontré sur les gros brochets avait mis évidence leur efficacité surtout en été. A partir de ce moment, de nombreux modèles importés des Etats-Unis avaient fait le buzz dans les magazines halieutiques ainsi que dans les magasins de pêche !

Guido Vinck en présence de Bob Church.

 

Concernant les techniques, la dernière apparue durant cette décennie avait été la pêche du brochet à la mouche. Considérée au départ comme peu sérieuse, elle avait trouvé rapidement sa place dans la hiérarchie des techniques de la pêche du brochet au fouet. A l’époque, notre champion belge Guido Vinck* avait mis au point une mouche à brochet « La Picker’s Point ». Elle était destinée à la pêche du brochet dans les polders.

L’ère de la pêche sportive du brochet était née.

Durant cette décennie, j’avais rencontré Anne qui était devenue ma femme ainsi que ma partenaire de pêche. Nous étions devenus des pêcheurs aguerris capables de nous adapter à l’évolution du brochet au fil des saisons, tout en restant discrets. Concernant les prélèvements, rien n’avait évolué. Il était rare qu’un brochet maillé soit remis à l’eau, le cash and release n’existant pas sauf pour quelques pêcheurs pour qui un brocheton devenait brochet à partir de 65 cm (2 kg). En 1996, nous avions découvert un peu tard l’Irlande, véritable paradis pour la pêche du brochet. Il était rare d’y prendre un brochet en-dessous de 70 cm ! A partir de ce moment, nous avions pratiqué définitivement le cash and release.

2000-2010, le belge à l’étranger.

Avec l’arrivée de l’Europe ainsi que des compagnies aériennes « low cost », le pêcheur de brochet cloisonné à sa région était devenu rapidement un baroudeur capable d’adapter ses techniques sur d’autres types de brochet. Toutefois, si les brochets irlandais, écossais, danois, suédois et hollandais restaient des brochets, chacun d’eux avait un comportement particulier propre à ses eaux.

En rivière à l’étranger.

La pêche itinérante au mort manié, au leurre ou au fouet était également la meilleure approche pour la majorité des pêcheurs. Elle n’avait pas son pareil pour réussir à la condition de l’adapter à la saison ainsi qu’aux variations climatiques (pression atmosphérique, variation de température de l’eau et phase lunaire). Le brochet étant plus réceptif que son homologue en lac, beaucoup y trouvèrent leur bonheur. Quelle que soit la technique, la règle essentielle était de soigner l’approche du poste en fonction du courant.

En lac à l’étranger.

Il était nécessaire pour réussir de maîtriser la pêche en bateau et ses techniques de pêche. Toutefois, cela n’était pas suffisant car il était également important de tenir compte des facteurs climatiques influençant la tenue et l’activité du brochet. Quel que soit le moment, l’important était de faire la première prise et de l’interpréter, les autres brochets n’étant pas loin. En maîtrisant ces critères bien avant l’arrivée des échosondeurs, il était possible ainsi de savoir où les brochets se tenaient.

A titre d’exemples, par temps froids et venteux, il était certain que le brochet se tenait à l’abri du vent dans les zones les plus chaudes et proche du fond. Une pêche maniée profonde était prenante. A l’inverse, par temps chaud et venteux, le brochet pouvait être partout (même en surface). La pratique d’une pêche à la traîne au moyen de leurres peu plongeants était la clé du succès… Mieux encore, la connaissance des courants chauds ou froids d’un lac propice au déplacement du poisson blanc et du brochet était le secret de la réussite de certains jours… Pour beaucoup de pêcheurs maîtrisant mal ces facteurs, les résultats étaient très souvent en dessous de leurs espérances.

Pour ces raisons, le pêcheur avait dû évoluer en étudiant les caractéristiques comportementales du brochet en fonction du plan d’eau. Convaincu qu’un brochet de rivière, de fleuve ou de lac ne réagissait pas de la même manière, il avait également dû adapter ses techniques de prospection, apprendre à choisir ses leurres et à les animer en fonction des endroits. A ce moment, la diversité des poissons nageurs et des leurres souples avait explosé au point qu’il était difficile de les choisir mais il était certain qu’il y avait toujours un leurre adapté à l’endroit et aux conditions du moment. Les pêcheurs l’avaient bien compris et également les détaillants qui en avaient tiré un vecteur commercial très payant.

En Belgique, cette décennie avait été frappée comme dans ses pays limitrophes par l’arrivée du cormoran. N’ayant pas de prédateur, ces oiseaux uniquement piscivores avaient rapidement colonisé les cours d’eau ainsi que les lacs et détruit quatre-vingt pourcents de la masse piscicole. A titre d’exemple, à l’époque, la production annuelle des étangs piscicoles français était de 7000 tonnes alors que la prédation du cormoran était estimée à 6500 tonnes pour un effectif de 100.000 cormorans…

Les revendications bien présentées par les différentes associations du monde de la pêche au colloque de Strasbourg en 2005 n’avaient rien donné !

Devant cette situation, nous avions décidé d’oublier la pêche en Belgique.