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Pêche du brochet : en rivière, en lac et en canaux.

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Irlande 2007.

Un brochet

Jusqu’à l’automne deux mille cinq, nous avions été habitués à pêcher le brochet avec succès dans la région du Monaghan. Après quoi, les prises étaient très souvent inférieures à septante centimètres. Durant cette session, nous avions réalisé cent deux prises modestes.

Où étaient-ils passés ?

A partir de 2000, l’Irlande avait connu un développement urbain très important. Pour le réaliser, les irlandais avaient fait appel à une main d’œuvre étrangère notamment lithuanienne. Ces personnes avaient littéralement colonisé l’Irlande. Pêcheurs et braconniers sans loi, ils avaient vidé rivières et lacs au moyen de trimmers, cordeaux et filets dérivants. Nous en avions été les témoins à plusieurs reprises.

Qu’en faisaient-ils ? Tous les poissons pris : gardons, brèmes, tanches…perches et brochets étaient mis en filets, fumés, et vendus…

Devant l’absence de réaction des autorités irlandaises, une association de défense du brochet nommée « Irish Federation of Pike Angling Clubs » s’était créée. Celle-ci avait eu pour but de tracer l’historique du brochet irlandais en rappelant la loi, les moyens légaux concernant sa pêche ainsi que les bonnes manières pour le décrocher et le remettre à l’eau.

Irlande 2008.

Un brochet

Dès l’aéroport de Dublin, nous avions découvert une Irlande agitée par son développement économique et nous avions eu difficile de retrouver nos repères, ceux-ci étant anéantis par une urbanisation excessive…

Pour cette session printanière, les conditions climatiques avaient été dures : froid, pluie, vent et peu de soleil. Notre score avait été de septante et un brochets avec un 100+.

Peter Lynch, un guide sympathique de la région de Monaghan, nous avait confié sa grande inquiétude concernant l’avenir de la pêche dans sa région : « Les stocks de brochets sont anéantis. Il ne reste plus que des petits brochets et ceux-ci sont dispersés. Chaque semaine, je retire des filets dérivants. La loi irlandaise s’est durcie. Tout contrevenant risque de gros problèmes dont la confiscation du véhicule. Cependant, cela ne semble pas arrêter le braconnage. Il y a trop peu de gardes et la police ne s’en occupe pas… ».

La fin d’un paradis.

Ce printemps 2008 avait été décevant pour beaucoup. Voici quelques témoignages alarmants :

  • Notre dernier voyage de fin avril 2008 est à oublier rapidement. Ce qui n’empêche de se poser quand même certaines questions. Notamment quant à la pertinence de futurs séjours en Irlande : la vie devient vraiment chère d’année en année (plus qu’en Belgique) et maintenant, le poisson vient à y disparaître du fait de la pression du braconnage. Cela fait vingt ans que je pêche avec mon père les lacs de la région de Cavan. Cette année, le bilan est désastreux et même calamiteux : 12 brochets (souvent des brochetons) sur 6 jours de pêche. Nous n’aurions jamais pensé enregistrer une telle déconfiture…C’est une véritable claque. Il ne reste plus rien.
  • Je suis français et vous donne des nouvelles de notre décevant séjour 2008 en Irlande ! Depuis 6 ans, je ne pêche plus le brochet qu’à la mouche. Cette année, j’ai été dans l’obligation de reprendre le manié et les leurres pour toucher de trop rares poissons. Nous avons pris à trois, 119 poissons en 11 jours de pêche avec 89 cm pour le plus gros. Où sont nos 100 brochets par semaine et par pêcheur des années 80 ??? Pour nous, la décision est prise. Après 24 ans de fidélité à l’Irlande, nous arrêtons. Pour terminer, je vais prochainement faire un courrier à l’office du tourisme irlandais. Il faut que les choses changent sinon l’Irlande ne restera plus pour nous qu’un souvenir.
  • Salut Anne et Alex. Je reviens d’Irlande ce week-end (20/7/2008). En effet, sur un an de temps quel changement et que d’inquiétudes pour cet Eden de la nature ! ILS SACRIFIENT TOUT ! L’Erne a subi une pollution assez importante dès sa partie navigable, de plus d’énormes taches d’huile et des bouteilles en tout genre y flottent. Finis les abris à canards ! Ceci dit les lacs et grandes étendues de l’Erne me semblent déserts de gros brochets. Nous avons bien pêché au manié en plein courant uniquement et en tête de ceux-ci. Tout ceci pour vous dire que la pêche au filet me semble étendue sur les endroits faciles. La coïncidence est flagrante. A Cavan, un petit lac magnifique a également et tout simplement été éliminé. L’année prochaine, il y aura sûrement une nouvelle industrie ou des magasins sur ce site. Je ne donne plus beaucoup de temps à l’Irlande avant de tomber dans une catastrophe pourtant décriée, 10 ans au grand maximum ! Je pense pour ma part ne pas vouloir assister à ce désastre et y être allé pour une dernière fois avant un bon moment. L’Irlande m’a blessé...

A ce moment, pour espérer réussir en Irlande, il était conseillé de s’orienter vers des organisations surveillant leurs lieux de pêche généralement de très grands lacs.

Irlande 2009.

En raison du désastre causé par les slaves, nous avions réduit nos séjours irlandais à une session printanière par an dans le comté de Monaghan. Sur place, les lacs avaient perdu de leur caractère halieutique au profit du ski et banane nautique… Le matériel destiné à la pêche était quant-à-lui totalement hors d’usage. Devant cette situation chaotique, beaucoup d’habitués oublièrent l’Irlande et sa pêche du brochet.

En dehors des lacs où les échosondages avaient révélé la présence de poissons, la pêche avait été mauvaise tant au mort manié qu’à la traîne. Cinquante-trois prises avaient été réalisées mais aucun brochet correct n’avait été remarqué.

Pourtant certains rapports printaniers n’étaient pas aussi dramatiques. Ceux-ci avaient renseigné les prises de plusieurs gros brochets au-dessus du mètre sur la côte ouest dans le comté de Cork, cette région étant gérée et surveillée par le South Western Regional Fisheries Board, la pêche étant pratiquée uniquement aux leurres.

Irlande 2010.

Cette année avait été pour nous une année d’espoir où nous avions commencé à retrouver une Irlande plus traditionnelle. Les conditions climatiques avaient été exceptionnelles. Nos résultats le furent également. De cette expérience, nous en avions déduit que la réussite d’une session printanière au brochet dépendait essentiellement des conditions climatiques ainsi que de l’activité du poisson blanc boostant littéralement celle du brochet.

A notre arrivée à Dublin, nous avions trouvé un temps tout à fait printanier, ensoleillé et légèrement venteux. Pourtant cet hiver avait été particulièrement dur et long en Irlande. Dur parce qu’il avait fait très froid au point que dans la région du Monaghan, les eaux des lacs avaient gelé dès le début janvier. Ceci était rarissime. Long car à notre arrivée, début avril, la nature était encore bien engourdie. La semaine précédant notre arrivée, il avait encore neigé. C’était par une traîne lente au leurre dur que nous avions débuté. Après une heure de navigation, les premiers brochets avaient été localisés. Ceux-ci se tenaient à plus de vingt mètres de la rive à une profondeur de deux mètres. Les attaques sur nos leurres avaient été brutales et parfois difficiles à gérer… A partir de la quatrième journée, nous avions connu une forte hausse des températures. Alors que nous étions occupés à observer les bordures, nous avions constaté que le poisson blanc était occupé à remonter des fosses et avec eux les brochets qui s’en donnaient à cœur joie. Cela avait été une journée exceptionnelle ainsi que les autres jours. Notre score avait été de cent quinze prises. Ce qui nous avait rappelé l’Irlande des années d’avant deux mille cinq mais notre séjour ne s’était pas arrêté là !

Un brochet

Alors que nous avions bouclé nos valises, nous avions pris connaissance par la B.B.C. d'une éruption volcanique en Islande. De même, Ryanair nous avait informé de l’annulation de notre vol retour en reportant celui-ci au vingt-huit avril. Sans le vouloir, nous étions repartis pour un très long séjour. A ce moment, nous avions revisité les lacs. Sur chacun d’eux, nous avions retrouvé des brochets boostés par ces premières chaleurs printanières et encore plus agressifs. A chaque fois, les attaques n’avaient pas tardé ainsi que les prises de toutes tailles.

Nombre de prises : 277 : 48<60 ; 125<70 ; 62<80 ; 32<90 ; 8<100 ; 2<110 et 116 cm.

Durée : 16 jours de pêche.

Anecdote.

Un brochet

L’avant-dernier jour, nous avions eu le plaisir de rencontrer
à la mise à l’eau un équipage irlandais
venu spécialement de la mer pour pêcher le brochet…

Un brochet

Ceux-ci nous avaient demandé
si nous avions fait bonne pêche durant notre séjour et s’ils
pouvaient pêcher en notre compagnie !

Un brochet

En souriant, je leur avais répondu que nous étions actuellement
à 242 prises en 14 jours de pêche et que nous
étions très honorés de pêcher en leur compagnie sur ce lac
que nous n’avions pas encore pêché…
Ebranlés, ils s'étaient appuyés sur leur bateau… et nous avaient répondu
qu’ils préféraient aller pêcher un autre lac !

Irlande 2011.

L’Irlande avait connu un mois de décembre très froid au point que certains lacs pour la deuxième année consécutive avaient gelé. A notre arrivée, début mars, il avait encore fait froid et les vents soutenus d’ouest avaient atteint les 50 km/h en pointe.

Lors de la première journée, nous avions pêché un petit lac au mort manié en présence de deux anglais. Sachant que ceux-ci avaient décidé de pêcher au jerk, nous avions opté pour une pêche au mort manié. Rapidement les attaques et les prises nous avaient mis en confiance. Pendant ce temps, les anglais avaient insisté au jerk mais sans résultat. Ceux-ci avaient espéré certainement la présence de gros brochets sur les frayères qu’ils avaient peignées. Au milieu de l’après-midi, alors que nous étions à huit prises, nous avions eu l’attention attirée par un pêcheur à l’anglaise. Celui-ci avait bien réussi et depuis une demi-heure, il avait été contraint de refaire régulièrement ses lignes. Nous avions compris rapidement que des brochets étaient sur son coup. Lui proposant notre aide, il nous avait expliqué que sa partie de pêche s’était transformée en un lunch garden pour brochets et que nous étions les bienvenus. Le bateau ancré, nous avions peigné son poste au mort manié. Les brochets avaient répondu rapidement. Le soir venu, notre score était de quatorze prises… Par la suite, la pêche s’était améliorée et nos scores avaient dépassé les quinze prises par journée.

En fin de session, nous avions décidé de pêcher un des lacs visités en 2010. A cette époque, il était redevenu bon et la population en brochets était prometteuse. Les conditions climatiques n’étaient pas des meilleures mais bien irlandaises : pluie, soleil et vents forts avec des pointes dépassant les 40 km/h. Dans ces conditions, nous n’avions pas hésité de l’attaquer à la traîne. Le moment fort de cette journée, nous l’avions eu en soirée lorsque le vent était monté ainsi que l’agressivité du brochet. Ceux-ci étaient sur des zones très rocheuses rendant la navigation périlleuse. Tandis que le bateau était maintenu à contre vent ma partenaire les avait attaqués au mort manié. C’était ainsi qu’à son grand bonheur, elle avait réalisé en moins d’une heure et demi onze prises. Le dernier poisson nous avait inquiété car il avait un côté totalement abîmé. S’agissait-il de brûlures causées à la fonte des glaces ou de blessures causées par des filets dérivants ? La réponse, nous l’avions eue le soir non loin de la mise à l’eau en découvrant d’importants restes de filets dérivants cassés !

Durant cette session, cent douze brochets avaient été pris mais aucun métré n’avait été remarqué.

Cela continuait !

Un brochet

Robert Schaff.
Jamais, je n’ai vu pareilles choses !

Ma dernière saison irlandaise fut très positive au printemps cependant il me reste une triste image en tête. Un matin, j’avais décidé de pêcher en dérive au mort manié, quelle ne fut pas ma surprise de découvrir au bas des arbres d’importants restes de filets dérivants ! Cela ne s’arrêta pas là car un peu plus tard, c’étaient de longs cordeaux garnis d’hameçons que je remontais… Lors de ma session automnale, j’ai de nouveau constaté les mêmes méfaits.

Irlande 2012.

Durant les mois de janvier et février, le climat avait été hivernal avec quelques moments plus doux. Les fortes pluies ainsi que les vents forts avaient rendu la pêche du brochet difficile. Néanmoins, quelques beaux brochets dépassant le mètre avaient été réalisés au poisson mort décollé ou dérivant.

En mars, le frai du brochet avait commencé pour battre son plein à la fin du mois. C’était à cette époque que deux connaissances françaises se trouvaient en Irlande pour leur quinzième session de douze jours. Durant cette période, ils avaient connu des conditions météorologiques hors du commun : eau à 12°, vent léger et eaux basses. En pêchant leurs endroits, ils avaient réalisé cent septante prises.

Durant notre séjour, la météo avait été plutôt hivernale que printanière. Certains jours avaient été même marqués par des averses de pluies froides accompagnées de grêle. Néanmoins, malgré ces difficultés, nous avions connu une session exceptionnelle en réalisant en sept jours de pêche cent soixante-deux brochets.

Dès notre arrivée, nous avions été surpris positivement par l’accueil du propriétaire de notre self-catering qui nous avait accueilli avec un bateau en parfait état et équipé d’un moteur neuf. Nous nous étions rendus directement sur un premier lac afin de juger de l’agressivité du brochet. Nous avions été étonnés par la rapidité des attaques. Celles-ci n’étaient pas franches mais suffisantes pour réaliser huit belles prises en trois heures de pêche. Le lendemain, nous avons poursuivi par une pêche à la traîne au leurre dur. Facilement, nous avions engrangé les prises. A la fin de cette première journée, notre compteur avait affiché les vingt-trois prises dont un 90+. Le deuxième jour avait été pareil. Le troisième, quant à lui, avait été marqué par un vent fort soutenu de sud-ouest. Nous avions commencé à la traîne. Alors que le brochet était très actif, nous avions connu un arrêt d’activité. Avions-nous dérangé les brochets, avions-nous pris ce qu’il y avait à prendre ou y avait-il plus gros de sortis ? Il était douze heures. Depuis une heure, nous étions sans attaque et sans écho de poisson. Nous étions au milieu du lac juste à l’aplomb d’une cassure. Juste à ce moment, une violente attaque nous avait rapporté un premier brochet métré. A peine repartis, au même endroit, une seconde attaque avait ébranlé ma partenaire. Un second brochet métré avait été mis au sec. Comme dit le proverbe, jamais deux sans trois et peu de temps après, nous avions remis ça avec un troisième brochet métré. En quarante ans de pêche, je n’avais jamais connu une pareille aventure. Par la suite, nous n’avions plus rien pris sur ce secteur mais l’activité avait continué sur le reste du lac. A dix-huit heures, nous avions décidé de stopper cette journée de pêche unique et intense. Nous avions réalisé vingt-sept prises dont trois brochets métrés...

Un brochet

A la fin de notre séjour, notre impression concernant l’Irlande était redevenue positive. Nous avions retrouvé l’ambiance irlandaise que nous connaissions avant 2000. Ce qui était également nouveau, c’était l’intérêt que portaient les pêcheurs irlandais, anglais et les résidents slaves pour la pêche du brochet. Cependant pour l’avoir vu, les slaves n’avaient toujours rien changé à leurs mauvaises habitudes de pêcher pour manger !

Irlande 2013.

A notre arrivée, nous étions toujours en phase hivernale avec des vents forts du nord-est. Le frai en route depuis la fin février avait été interrompu début mars par une vague de froid accompagnée d’averses de neige. Ces conditions rarissimes avaient forcé les brochets à retourner dans les profondeurs. La pêche du brochet était à ce moment au plus bas. Lors de notre première journée, nous avions fait varier nos modes de pêche : lancer ramener, manié et traîne, le meilleur ayant été le lancer ramener au leurre articulé. Les attaques étaient franches mais sans défense. La deuxième journée avait été ensoleillée et venteuse. Après avoir débuté sans succès par une pêche à la traîne au poisson nageur, nous avions enchaîné par une pêche en dérive sur le fond. De suite, les brochets avaient répondu présents. Ils étaient visiblement là au plus bas de la fosse. En fin de journée, nous avions réalisé plusieurs beaux brochets dont un 115+.

Un brochet

Le lendemain matin, nous avions remis cela jusqu’en début d’après-midi, un second brochet métré ayant également été fait. Après quoi, les vents forts avaient arrêté la pêche. En fin de séjour, nous avions pu reprendre et terminer en réalisant une vingtaine de brochets modestes à l’exception de trois 90+.

Dans ces conditions, nous avions réalisé cinquante-neuf prises dont trois 90+ et deux métrés. Ce qui avait donné une session réussie. Hélas, nous avions encore une fois déploré la présence dévastatrice des résidents lithuaniens qui, pour vivre, pêchaient et se nourrissaient uniquement de viande de poisson ainsi que de son commerce. A l’époque, tout poisson pris était encore mis en filet et vendu sous le label « Filet de cabillaud » aux différents fast-foods irlandais…

Irlande 2014.

L’hiver avait été particulièrement pluvieux au point qu’il avait fallu remonter aux environs de 1750 pour retrouver de pareilles conditions météorologiques. Ceci avait eu pour conséquence de saturer les nappes phréatiques, de faire monter les niveaux d’eau des lacs et surtout de les maintenir largement au-dessus de la normale. Les brochets avaient quitté les profondeurs pour se stationner dans la végétation noyée rendant à ce moment sa pêche difficile. Cette année exceptionnellement, nous avions décidé de prendre le risque de faire deux sessions irlandaises. Risque car en dehors des très grands lacs, la recherche du gros brochet était toujours hasardeuse. Les irlandais en étaient conscients, en parlaient et se montraient plus attentifs. Hélas, le mal était fait.

Début mars, nous avions constaté que le niveau des eaux des lacs était très élevé, ceux-ci étant certainement cinquante centimètres au-dessus du niveau maximum. Les eaux étaient très belles et d’une limpidité exceptionnelle. Quant à la pêche, elle avait été très mauvaise. Elle avait permis de réaliser seulement dix-neuf prises dont un 95+. Il était difficile de porter un jugement sur cette session car au même moment, la pêche l’avait été également aux Pays-Bas et sur le lac Léman. Nous en avions retenu qu’un hiver froid était préférable à un hiver particulièrement pluvieux battu par des vents forts d’ouest.

A la mi-avril, nous avions retrouvé une Irlande ensoleillée et chaude. La végétation aquatique n’avait guère progressé mais les eaux s’étaient considérablement réchauffées et dépassaient en surface les 11°. Le frai du brochet était également terminé. Durant cette session, nous avions pu encore une fois vérifier que nos scores avaient été proportionnels à l’ensoleillement. Ceux-ci n’avaient jamais été inférieurs à quatorze prises par jour.

Un brochet

Pour notre dernière journée, les conditions de pêche avaient été exceptionnelles : nuit froide, vent léger du sud et ensoleillement dès le matin. Nous avions décidé de pêcher les bordures d’un très bon lac. Les brochets étaient très actifs. Bizarrement, sur un très bon poste, nous n’avions eu aucune attaque. Ceci nous avait paru étonnant car celui-ci était visiblement riche en poisson fourrage. Devant notre insuccès, nous avions observé et remarqué un reste de végétation formant un îlot. Pour avoir déjà vécu pareille situation, nous l’avions abordé avec beaucoup d’attention. Le premier lancé avait été le bon. Il s’en était suivi un combat violent mené par un brochet métré. Nous avions à peine repris qu’au même endroit et malgré le combat du premier, un deuxième brochet s’était également fait prendre. Cela ne nous avait pas étonnés. Par expérience, nous avions connaissance de ces brochets nomades vivant et chassant ensemble. A ce moment, la pêche était lancée et nous avions compris que nous étions dans un grand jour. De poste en poste, nous avions réalisé vingt-neuf prises au mort manié.

En conclusion, nous en avions pensé que ces deux sessions avaient été dans la continuité l’une de l’autre. La première avait été marquée par des brochets léthargiques en phase hivernale. L’activité de ceux-ci était très restreinte même au moment le plus chaud de la journée. Cinq semaines plus tard, le réchauffement des eaux ainsi que le frai les avaient stimulés. Ce qui nous avait permis de réaliser cent onze prises dont deux 90+ et un métré.

Un pêcheur d’Irlande.

Cette année, Pierre Perret avait fêté ses quatre-vingt printemps à l’Olympia. Ecrivain, poète et chanteur, il comptait à ce moment : 34 albums, six musiques de film et une vingtaine de livres dont Les poissons et moi. Ce que nous connaissions moins de lui, c’était sa passion pour la pêche en Irlande. Nous l’en remercions pour ces quelques mots sur la pêche.

Pierre Perret, pêcheur d’Irlande.

Irlande 2015.

Pour cette session printanière, nous étions dans le comté du Monaghan. A notre arrivée, début avril, nous avions été informés que la pêche automnale 2014 du brochet avait été mauvaise, la raison essentielle étant les fortes pluies. Concernant les conditions climatiques, celles-ci avaient été positives, tout en restant bien irlandaises : eau à 10°, soleil, pluie, vent d’est de 2 à 3bft et session évoluant vers la nouvelle lune.  Le frai n'était pas terminé.

Alors que nous étions occupés à attendre l’arrivée de notre bateau, nous avions commencé par pêcher les bordures. Cela nous avait permis de réaliser dès nos premiers lancers la prise d’un 110+. Ce qui avait été assez exceptionnelle !

Durant les trois premiers jours, nos scores avaient dépassé les vingt prises par journée. Toutefois, les tailles étaient restées modestes (65+). Il était certain que le froid apporté par les vents d’est en était l’explication.

Lors du quatrième jour, nous avions connu un très net changement climatique avec l’arrivée du soleil qui avait réchauffé fortement l’atmosphère pour le reste du séjour. A ce moment, nous avions observé un changement radical. Le brochet était devenu attaquant. Le moment fort de cette session, nous l’avions vécu lors d’une après-midi lorsque nous nous étions retrouvés au milieu d’une bande de brochets. Cinquante-cinq brochets de toute taille avaient été pris. En fin de session, notre score avait été de 206 prises pour douze 85+.

Irlande 2016. 

Comme en Belgique, la région du Monaghan avait connu un début d’hiver particulièrement doux. Par la suite, le froid et les pluies l’avaient gagnée. A la fin avril, au moment où nous y étions, les rivières étaient en crue et les lacs avaient débordé. Afin de mieux comprendre ce qui s’était passé, nous avions rendu visite à un ami belge vivant sur place. Passionné par la pêche à la mouche et aussi par celle du brochet, nous l’avions écouté avec beaucoup d’attention. Il nous avait appris que la saison 2015 avait été modeste avec parfois de bonnes journées, la meilleure période ayant été fin octobre. Quant à ce début de saison, la pêche avait été bonne en février. Le frai avait également commencé à cette époque. Par la suite, le froid l’avait arrêté. Il avait également ajouté que le braconnage était toujours bien présent et avait permis à ces auteurs slaves de se nourrir à bon marché. Enfin, il avait terminé en disant qu’il avait décidé de ne plus pêcher le brochet, cela étant devenu trop difficile.

Durant les quatre premiers jours, les conditions climatiques n’avaient pas été des meilleures. Nous avions débuté par d’excellents petits lacs. La pêche avait été mauvaise, donnant une dizaine de petits brochets par sortie. Par la suite, nous avions connu une hausse des températures ainsi qu’un regain d’activité qui nous avait permis de réaliser de plus beaux brochets dont trois métrés. Nous avions terminé sur un score de septante-deux prises.

Durant cette session de huit jours, nous avions dans nos prévisions trois jours excellents. C’était durant ceux-ci que nous avions réalisé nos plus belles prises. La condition de réussite avait été de jouer sur la provocation. Nous avions pris essentiellement au leurre de teinte FT, le manié poisson donnant très peu. En ce qui concernait les stocks de brochets, nous étions certains qu’ils étaient faibles et que le braconnage était toujours bien présent !

 

Irlande 2017.

N’ayant pas le choix des dates de nos congés, nous avions été contraints d’accepter de nous rendre début avril dans le comté du Monaghan pour une session printanière de six jours alors que nous étions à la lune blanche ! Pour réussir, nous savions qu’il était impératif d’avoir un début de printemps chaud. Hélas, c’était un retour du froid intensifié par des vents glacials du nord que nous avions connus. Sur place, nous avions trouvé des lacs dépourvus de toute végétation. Quant au brochet, après le frai, il avait regagné les profondeurs pour n’en bouger qu’aux premières chaleurs. Ce qui avait compliqué sa pêche.

Lors de la première journée, nous avions commencé par un lac anciennement très riche, nettement appauvri depuis mais renfermant encore de beaux spécimens. La pêche en dérive lente n’avait rien donné mais elle nous avait permis de constater que sur les trois sections visitées, une seule contenait du poisson. En pêchant celle-ci avec insistance au mort manié ainsi qu’aux leurres, nous avions réalisé onze prises inférieures à septante-cinq centimètres. En fin d’après-midi, nous avions été rejoints par une embarcation composée de deux pêcheurs irlandais. Ceux-ci à bord de leur bateau très bien équipé électroniquement étaient restés sans écho et attaque jusqu’au moment où nous les avions quittés. Pourtant, ils étaient également certains de la présence de gros poissons…

Pour les autres jours, nous avions connu pareil. Notre score final avait été de cent deux prises dont quatre 80+.

Irlande 2018.

A l’écoute de connaissances françaises et belges, nous étions retournés début avril vers l’Irlande avec beaucoup de motivation pour une session de huit jours de pêche. Sur place, nous avions trouvé une Irlande triste portant les stigmates d’un hiver dur arrivé tardivement. Aucune trace d’une reprise printanière n’était visible, la température jour étant de 9°, les vents N-O à N-E avaient renforcé cette impression de froid. Comme à notre habitude, nous avions décidé de visiter le bassin de la Dromore dans le comté de Monaghan. Celle-ci était en crue et les lacs étaient à leur contenance maximale. Concernant les brochets, ils étaient à 100% en phase de frai.

Coincés, nous avions dû accepter cet état de fait et essayer de pêcher. Cela avait été une session impossible comme nous n’en avions jamais connue. Chaque jour, nous avions constaté d’importantes concentrations de poissons blancs tapis dans les fonds. Quant aux brochets, ils étaient facilement observables sur les prés inondés mais ceux-ci étaient généralement de petite taille. En fin de session, nous avions totalisé trente-huit prises inférieures à 102 cm. De cette aventure, nous avions retenu que le recul des saisons allait nous obliger à revoir nos dates de session.

Inquiétude irlandaise 2018 : Le ministre Sean Hyne de l’environnement avait souhaité à l’époque autoriser le prélèvement de quatre brochets par jour, par personne et sans limite de taille dans les grands lacs et leurs tributaires (Erne et Shannon inclus). Le 25 octobre 2018, ce projet de loi avait été adopté Richard Burton, ministre des Communications, de l'Action pour le climat et de l'Environnement. Cela avait suscité la réaction de l’IPS.

Extrait.

« La Société irlandaise du brochet (IPS) condamne avec la plus grande vigueur l’adoption d’une loi autorisant la mise à mort de quatre spécimens de brochet (notre prédateur irlandais) par jour, par pêcheur, dans nos principaux lacs à calcaire. Ce projet de loi a été adopté le 25 octobre 2018 par Richard Bruton, TD, ministre des Communications, de l'Action pour le climat et de l'Environnement, récemment nommé. Il a été proposé par le ministre Sean Kyne et appuyé par le ministre d'État Sean Canney. La pêche à la ligne récréative génère plus de 11 000 emplois dans le pays et contribue à près d'un milliard d'euros à l'économie irlandaise. Les actions des ministres Richard Bruton, Sean Kyne et Sean Canney entraîneront des pertes d’emplois et des services communautaires, en raison des répercussions négatives sur notre économie.Depuis 1996, l’importance du brochet dans ces eaux a été reconnue et encore renforcée au niveau national en 2006 avec l’introduction de la loi nationale sur le brochet en vigueur qui protège tous les brochets de plus de 50 cm. Cependant, d'un simple coup de crayon, un ministre a annulé des décennies d'efforts de conservation et de progrès accomplis par tous. En raison de nos efforts de gestion, le rôle bénéfique du brochet a été mis en lumière dans les recherches scientifiques les plus récentes menées par IFI 2017-2018. Un processus d’examen des parties prenantes est en cours depuis deux ans et, après un engagement considérable, du temps et de l’énergie de toutes les parties impliquées, les conclusions sont maintenant imminentes.Malgré cela, le ministre Bruton a jugé bon de signer ce document honteux et de permettre le début de l'abattage. Ignorer les données scientifiques les plus récentes, sans consulter l’organisme officiel (IFI) chargé de la gestion de nos pêcheries, et au mépris total des associations de pêcheurs à la ligne, des témoins et experts scientifiques, et même d’IFI eux-mêmes qui ont participé au processus d’examen. La dernière campagne d’IFI est “CPR”. Catch, photo, LIBERATION. Quelle blague malade qui a l'air maintenant. Et pourquoi ? Parce qu'un ministre du Fine Gael, Sean Kyne, a été harcelé par une infime minorité, personnes qui ne s'intéressent pas à la science, à la nature ou à notre environnement.La société irlandaise du brochet a été créée il y a près de 20 ans pour protéger notre principal prédateur, promouvoir l'appréciation du brochet dans nos eaux et assurer la protection de nos fosses calcaires en comprenant le fragile écosystème qui les compose. Par conséquent, à la suite de cette attaque législative contre notre prédateur suprême, la Société irlandaise du brochet va contester devant un tribunal de grande instance ce terrible abus de pouvoir commis par un membre de notre État de l'Oireach. Il s’agit de plus que de ce règlement, il s’agit de lutter contre les attaques persistantes contre le brochet et la pêche au brochet au cours des dernières années. Il est temps que les pêcheurs prennent position et disent assez, c'est assez. Si nous ne battons pas cette attaque odieuse contre nous, toute la pêche à la ligne sera sérieusement affectée.Le temps est venu pour tous les pêcheurs qui pensent de manière juste de prendre position, de revendiquer leur droit légitime auprès de Irish Fisheries et d'exiger le respect de ceux qui nous ont traités jusqu'à présent avec mépris… ».