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Pêche du brochet : en rivière, en lac et en canaux.

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Anne Barthélemi : Le brochet pour passion.

Propos recueillis par B. Chermanne et publiés en mars 2016 dans Le Pêcheur Belge.

Au cours de mes presque 15 ans à la tête de notre magazine, je pensais avoir rencontré ce que l’on fait de mieux en matière de pêcheurs passionnés par la pêche du brochet. Comme je me trompais ! Depuis mon tête-à-tête avec Anne et Alex, son coach et compagnon de vie, j’ai réalisé que certains pêcheurs peuvent aller encore plus loin dans la traque de ce poisson et dans l’envie d’en connaître toujours plus sur son comportement. En ce qui concerne Anne, je suis certain d’avoir atteint le sommet en termes de passion pour le brochet et d’expertise dans la manière de le tromper. Il y a en effet peu de chance qu’une autre pêcheuse arrive à sa cheville dans notre pays, voire même à l’étranger, et son palmarès a de quoi rendre jaloux le plus féru de ses homologues masculins : près de 3000 brochets en 26 ans de pêche, dont un nombre incalculable de poissons dépassant le mètre. Rencontre avec un pêcheur au féminin hors du commun.

 Le Pêcheur Belge : Anne, quand et comment as-tu débuté à la pêche du brochet ?

Depuis ma plus tendre enfance, j’ai toujours été attirée par la nature et plus particulièrement par les poissons que je ne me lassais pas d’observer. Mes premiers essais à la pêche s’étaient déroulés en Espagne, lors de vacances familiales. Mon père avait acheté des cannes et nous avions essayé d’attraper des poissons depuis le rivage.

Par la suite, lors de mes études de psychologie à l’université, à travers le cours d’éthologie animale, j’ai pu étudier de manière plus approfondie le comportement de poissons en aquarium. C’est là que j’ai découvert, notamment, les notions de dominance et de soumission chez les poissons. Tout cela m’avait passionnée et me passionne encore !

Un jour, alors que je me promenais au bord de la Semois, j’ai été intriguée par un pêcheur qui, visiblement, traquait le brochet. C’était Alex, qui est depuis mon conjoint dans la vie. Cette rencontre fut évidemment capitale. Dans un premier temps, je me suis contentée de l’observer, ensuite, je me suis dit : « et si je me lançais aussi dans la pêche de ce poisson ? ».

J’ai pris mon premier brochet en 1990 et depuis, je n’ai plus cessé de le rechercher. C’est devenu une véritable passion dévorante.

Le Pêcheur Belge : Qu’est-ce qui t’attire chez ce poisson ?

C’est un poisson mythique, lié en grande partie à la place qu’il occupe dans la chaîne alimentaire. C’est le prédateur par excellence. Il m’attire par sa beauté et aussi par le fait de pouvoir le leurrer, de le combattre et de lui rendre finalement la liberté.

Le Pêcheur Belge : Quelle est ta technique de prédilection pour rechercher le brochet ?

Du bord, c’est le manié, soit au poisson mort ou au leurre souple. Cette technique m’intéresse davantage que les autres plus stéréotypées, comme le jerk par exemple. Cela dit, en matière de technique et de leurres plus modernes, j’ai trouvé mon bonheur avec les leurres hybrides qui sont d’un réalisme saisissant, lesquels autorisent une pêche plus fluide et se révèlent particulièrement efficaces.

En bateau, c’est principalement la traîne maniée et le manié au leurre que je pratique sur canaux, fleuves et lacs. La traîne me permet de localiser les endroits poissonneux et de passer ensuite au manié. C’est un pur bonheur de mener une telle traque durant des heures, voire des journées lors des sessions.

Le Pêcheur Belge : Quel leurre ou catégorie de leurres est selon toi plus efficace pour le brochet ?

Pour la pêche en bateau :

Au printemps et en automne, j’utilise principalement le Super Shad Rap de chez Rapala ainsi que de gros shads (20 cm) comme à titre d’exemple le Herring Shad chez Savage Gear. Ce sont des leurres à moyennes vibrations destinées aux brochets sortant du frai ou chassant.

Lorsqu’il chasse dans les bancs de poissons blancs regroupés au moment du frai, je préfère utiliser des leurres souples plus conséquents comme le Pig Shad 23 cm 90 g de chez Strike Pro.

Lorsque les eaux se réchauffent ou qu’il devient méfiant, j’utilise les Jointed de chez Rapala et Spro.

Si cela n’est toujours pas suffisant, je passe directement aux leurres hybrides ou souples à queue plate. A ce moment, je cible plus le gros brochet.

Certains diront probablement que je suis plutôt de la « vieille école » … Mais les résultats sont là !

Pour la pêche du bord :

Là, j’utilise uniquement des leurres hybrides ou souples à queue plate.

Le Pêcheur Belge : Dans la catégorie des leurres durs, quelles sont les caractéristiques auxquelles il convient d’être particulièrement attentif ?

Il y a quatre points auxquels je fais particulièrement attention :

  • La densité. Le leurre flottant est de loin le meilleur pour la pêche du brochet qui s’intéresse uniquement à ce qui se trouve au-dessus de lui c-à-d dans son champ de vision. Celui-ci remonte dans la colonne d’eau lorsque l’on diminue la tension dans la ligne et provoque l’attaque.
  • Le bruit. Il est lié à la vibration du leurre. Lorsque les poissons sont agressifs ou en nombre, il convient d’utiliser des leurres à fortes vibrations. Cela augmente le nombre de prises mais diminue très souvent la taille des prises.
  • La couleur. Ce qui est important à ce niveau, ce sont les contrastes de couleurs. Ce point est très important. J’y reviendrai dans un autre article.
  • La taille. Elle sera supérieure à 14 cm.

Le Pêcheur Belge : Quelles sont selon toi les conditions idéales pour pêcher le brochet ?

C’est lorsque tous les paramètres favorables à sa pêche sont réunis…ce qui est assez rare.

Je tiens compte en Irlande et aux Pays-Bas :

  • Du calendrier lunaire. La lune exerce une influence sur les êtres vivants qui peuplent notre planète. En fonction de sa morphologie, le brochet y est particulièrement sensible. L’influence qu’a la lune sur l’air et plus précisément sur la pression atmosphérique a une influence sur l’eau. Le brochet n’aime pas les variations brutales de la pression atmosphérique. Il est préférable toujours de se rendre à la pêche lors d’un régime de pression stable. Avec l’expérience, nous nous sommes rendus compte que ce facteur est capital.
  • De la direction du vent et de sa force. Le vent du nord et le vent d’est ne sont pas favorables. Lorsque ces vents soufflent, le brochet se contente tout juste de se nourrir, généralement tôt le matin et tard le soir. Il ne reste pas actif durant la journée. Les vents du sud, sud-ouest et ouest sont bons. Enfin, il y a l’intensité du vent. Nous nous sommes rendus compte que le brochet est moins actif lorsqu’il y a trop de mouvements dans l’eau, sans doute parce que les conditions de chasse sont alors plus difficiles pour lui. Le brochet n’aime pas de « louper » trop souvent sa proie. Comme tout animal sauvage, il n’aime pas les dépenses d’énergie inutiles. Au-delà de 3 beauforts, ce n’est généralement pas bon.
  • De la température de l’eau. La plage de température idéale pour le brochet se situe entre 11 et 15°. C’est sa plage de confort thermique. C’est à ce moment qu’il se nourrit le plus régulièrement. Plus il fait chaud, plus le brochet gagne les profondeurs à la recherche de sa zone de confort…et plus il est difficile à trouver et à tromper. Ceci est différent pour les lacs froids ou alpins.
  • De la couleur de l’eau. Ceci donnant le choix de la couleur du jour en raison de la luminosité.

Le Pêcheur Belge : Les Pays-Bas ont aujourd’hui ta préférence et il semble d’ailleurs que tu t’y distingues. Ce pays est-il à ce point un Eden de la pêche du brochet ? Quelles sont les raisons ?

La Semois a été pour moi un Eden jusqu’à l’arrivée du cormoran. Alex tout d’abord et, ensuite, Alex et moi l’avons pêchée de manière intensive et avec succès. A l’époque, nous avons battu tous ses records tant en taille qu’en nombre. A l’époque, elle constituait en Belgique la rivière par excellence pour l’apprentissage de l’étude comportementale du brochet et de sa pêche.

Nous nous sommes ensuite tournés vers l’Irlande. Nous y avons appris à pêcher en lac. Jusque 2006, il était fréquent pour nous de réaliser des journées à plus de vingt-cinq 75+. Ce qui n’était pas à la portée de tout pêcheur. Aujourd’hui, l’Irlande n’est plus ce qu’elle était à l’exception des grands lacs, ceci étant dû à l’afflux de pêcheurs venus de l’est, des pêcheurs qui, il faut bien le reconnaître, remettent rarement un poisson à l’eau…Cet afflux de pêcheurs de l’est a été lié à son développement économique imposé par l’Europe. Nous continuons à nous y rendre car nous avons des amis sur place et parce qu’elle demeure malgré tout une bonne destination pour le brochet vu son énorme potentiel en biotope aquatique préservé. Nous y avons également battu des records en nombre de prises journalières mais aussi en taille. Ce n’était pas pour rien qu’Alex avait été considéré à l’époque par Patrick Gibson comme le Schumacher du brochet et ceci en raison de sa rapidité de prise.

Puis, nous avons effectivement abouti aux Pays-Bas, destination où nous nous rendons le plus souvent à présent vu sa proximité et sa richesse en brochets. Il y a tellement d’eau dans ce pays…Son potentiel en brochets est tout simplement fabuleux, d’une part grâce à ses milieux aquatiques nombreux et préservés et aussi parce que le brochet y est protégé en maints endroits. Mais attention, la pression de la pêche y est de plus en plus forte et elle devient difficile. Nous y avons battu nos propres records en métrés.

Le Pêcheur Belge : Quelle est selon toi la principale qualité que doit posséder un pêcheur pour réussir ?

Sur place, un pêcheur doit être capable de localiser le brochet, d’adapter son mode de pêche au moment et d’y croire. Il n’y a que l’expérience qui peut donner une assurance de ce côté.

Un bon pêcheur est capable de soupçonner la présence de brochet avant de consulter son sondeur.

Le Pêcheur Belge : Tresse ou nylon pour le corps de ligne ? Câble ou fluorocarbone pour le bas de ligne ?

Pour le corps de ligne, mon choix se porte systématiquement sur la tresse et ce, sans discussion et avec un diamètre jamais inférieur au 21/100 pour le manié et au-delà pour la traîne. Outre sa plus grande résistance par rapport au nylon, la tresse est inélastique, ce qui garantit une bonne transmission des touches parfois très subtiles.

Je n’aime pas trop le fluorocarbone car j’ai perdu de gros poissons par casse en l’utilisant. Je précise bien par casse et pas par coupure du fil. Toutefois comme il convient d’être de plus en plus discret étant donné la pression de pêche croissante ou de la limpidité des eaux, je suis obligée de l’utiliser. Alors, je fais très attention à son indice de réfraction ainsi qu’à sa qualité à l’abrasion. Je redouble alors de vigilance en matière de réglage du frein et d’intégrité du bas de ligne après le combat bien que j’utilise un bas de ligne anti coupes en métal tresse de 20 cm. En dehors de ces situations, je n’utilise pas de fluorocarbone.

Je termine en disant que les diamètres de la tresse, du fluorocarbone et du bas de ligne de coupe ne sont pas déterminants dans la pêche du brochet. Ce sont des tendances commerciales qui poussent le pêcheur à la faute et à mal acheter. C’est pourquoi je n’hésite pas à monter en diamètre et en puissance tout en soignant la souplesse de l’ensemble.

Pêchez avec simplicité en soignant l’approche et en jouant sur le contraste des couleurs.