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Pêche du brochet : en rivière, en lac et en canaux.

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Sessions hivernales 2018-2019 aux Pays-Bas.

Durant cet hiver, la pêche du brochet avait dépassé toutes nos attentes. Au point qu’à la fermeture, nous avions cent quarante-trois prises supérieures à 65 cm, notre taille minimum. Parmi celles-ci, nous avions onze 95+ dont cinq métrés, 112 cm étant la plus belle prise. Jusqu’à la fin janvier, à l’arrivée des gelées, l’activité du brochet était restée bonne. Au dégel, nous avions retrouvé des brochets moins actifs. Ce qui était normal. Cependant nous avions connu également de mauvais jours. Cela avait été lié à un excès d’activité la veille ou à une certaine pression de la pêche.

La pêche au leurre souple ou hybride avait été de loin la meilleure à la condition de présenter de nouvelles teintes ou de nouveaux designs. Ce qui avait été possible en ce début d’année. Nous avions pu également observer des amis hollandais pratiquer la pêche au mort posé ou dérivant. Lors de nos mauvais jours, leurs résultats avaient été positifs.

Nous avions également été impressionnés par les tailles de nos prises. Bien qu’heureux, nous en avions gardé une certaine inquiétude car par le passé, nous l’avions déjà observé. A chaque fois, la cause avait été la prédation du cormoran…

En ce qui concerne les lieux, nos postes 2018-19 n’avaient rien donné. Piratés au travers nos photos, nous les avions oubliés pour mener comme en automne une pêche active à travers la Hollande de Breda à Medemblik.

Première sortie.

Pour cette première sortie, les conditions climatiques avaient été positives : vents forts d’ouest et bruine. Dès le premier poste, nous avions connu le succès tant en nombre qu’en taille. Ceci s’était également confirmé durant le reste de la journée. Nous avions terminé en fin d’après-midi sur un très bon score de dix-sept 70+ alors que nous étions en prospection.

Total des prises : 17 : 10<80 cm ; 7<90 cm dont 88cm.

Deuxième sortie.

Pour ces trois jours, nous avions connu en début de session des conditions climatiques identiques à la précédente. Par la suite, le retour du froid avait considérablement ralenti l’activité et compliqué notre prospection. Toutefois, cela n’avait pas été la seule explication…

Jour 1 : A notre arrivée, les brochets étaient actifs et rapidement les prises s’étaient engrangées. En début d’après-midi, nous étions à onze 70+, au moment où l’activité s’était arrêtée. Nous avions dû attendre la tombée de la nuit pour porter à notre actif trois autres 70+. Aucun 80+ n’avait été remarqué.

Jour 2 : Nous étions dans la région d’Amsterdam, le long de polders que nous avions prospectés en automne. Contrairement à ce que nous avions espéré, l’activité avait été très faible. Pensant que la chute de la température en était la cause, nous avions compris que nous nous étions trompés au moment où nous avions été informés que les polders où nous étions avaient été récemment visités sous forme de petits concours par des pêcheurs hollandais. Leurs résultats avaient été positifs mais les tailles de leurs prises avaient été également inférieures à quatre-vingt centimètres. En pêchant avec patience au moyen de shad suédois, nous avions comptabilisé dix 65+ dont 82 et 86 cm.

Jour 3 : Dès notre arrivée, les brochets s’étaient montrés chassant mais difficiles à prendre. Il nous avait fallu pêcher avec insistance pour réussir. La limpidité des eaux ainsi que l’absence de vent en avaient été certainement la cause. Six prises avaient été réalisées dont 74, 76 et 83 cm.

Total des prises : 36 : 13<70 cm ; 20<80 cm et 3<90 cm.

Troisième sortie.

Pour ces quatre jours de pêche, nous avions eu à l’exception d’une journée des conditions difficiles, absence de vent et temps couvert.

Jour 1 : Jusqu’en début d’après-midi, nous étions restés sans attaque. Les postes visités étaient vides et avaient été certainement pêchés…Par chance, nous avions pu trouver en fin de journée un petit tronçon de polders poissonneux. Malgré la méfiance de ces brochets, nous avions réalisé six 70+ dont 84 et 100 cm. Temps gris, brumeux et froid.

Jour 2 : Comme d’habitude, nous avions débuté à l’aurore mais cette fois, c’était sous les rayons du soleil. Ceux-ci nous avaient rapidement réchauffés. Nous étions sur un très bon secteur dans le nord-ouest d’Amsterdam. D’emblée, les attaques s’étaient enchaînées jusqu’en fin de matinée. Alors que nous étions à onze prises et que nous avions comptabilisé un 85+, l’activité s’était arrêtée nette en début d’après-midi. C’était avec peine que nous avions pu réaliser deux 70 + supplémentaires. Cela avait été la plus belle journée. Temps ensoleillé et froid (3°le jour).

Jour 3 : Là, nous avions connu de très mauvaises conditions climatiques. Comme le premier jour, nous avions galéré jusqu’en fin d’après-midi sans avoir d’attaque. Nous avions terminé en soirée par les prises de trois 65+ dont 91 cm. Temps gris, brumeux et froid, des conditions à rester chez soi.

Jour 4 : Nous avions décidé de visiter un de nos très bons secteurs de 2015. Malheureusement piraté et viandé depuis, nous avions dû rapidement l’abandonner pour un parcours dans la région de Breda. C’était là que nous avions terminé le long d’un bon polder marqué par sa longueur et ses découpes. Ce fut une belle surprise car nous y avions réalisé six 75+. Ce qui était motivant pour une fin hivernale.

Total des prises : 28 : 9<70 cm ; 15<80 cm ; 2<90 cm ; 91 cm et 100 cm.

Quatrième sortie.

Pour ces trois jours, nous avions eu droit à des conditions météorologiques exceptionnelles et nos résultats avaient dépassé nos attentes.

Jour 1 : Après avoir été contrôlés et localisés sur le visplanner de la police, nous avions pu débuter notre session. Dès le premier polder, nous avions remarqué une activité hors du commun et de fait, nos leurres avaient souffert. Parmi les prises, un 80+ avait été fait.

Cela s’était confirmé ensuite sur le deuxième et troisième polders visités. En milieu d’après-midi, nous avions également vécu un moment très fort. Toutefois, la majorité de ces brochets avaient été difficiles à prendre, ceux-ci tapant à côté du leurre. Un premier 90+ avait été porté à notre actif. Après quoi, nous avions terminé à la nuit tombante par la visite d’un petit polder abrité du vent. Celui-ci était également occupé…C’était sur un score de vingt prises que nous avions replié nos cannes.

Jour 2 : Nous avions débuté dès le lever du jour en compagnie de pêcheurs hollandais pratiquant le mort posé. Vu l’insuccès, nous les avions rapidement abandonnés pour d’autres polders. Là, nous avions compris que le brochet était toujours actif où il n’était pas sollicité. Il était douze heures au moment où nous avions abordé un poste visiblement occupé. Directement, les attaques s’étaient enchaînées ainsi que les prises …

Conseillés par un passant hollandais, nous avions suivi ses recommandations. Sur place, nous avions été séduits par l’endroit. Il y avait également de l’activité mais nos lancers restaient sans réponse. Il y avait deux possibilités. Soit que cet endroit était régulièrement pêché ou alors il y avait du très beau poisson ! La réponse, nous l’avions eue en fin de polder où une violente attaque avait conduit à la prise d’un second brochet métré. Là, nous avions connu un moment fort.

Nous avions ensuite terminé notre journée le long d’un polder caractérisé par sa profondeur. Alors que j’étais occupé à étudier sa configuration sur Visplanner, j’avais été appelé par ma partenaire qui avait réclamé pour la troisième fois mes services … Une fois terminé, celle-ci m’avait dit tout simplement : 

Het is een overdosis snoek !

Jour 3 : L’absence de vent ainsi que la hausse de la pression atmosphérique avaient coupé l’activité du brochet. Nous avions réalisé quelques brochetons ainsi que trois 65+ dont 76 cm. Cela nous avait permis de prospecter afin de préparer d’autres sorties.

Total des prises : 39 : 16<70 cm ; 15<80 cm ; 3<90 cm ; 95cm, 96 cm, 101 cm ; 102cm et 104 cm.

Cinquième sortie.

Pour ces deux jours de pêche, nous avions décidé de nous rendre en Frise-Occidentale afin de visiter des polders que nous avions pêchés par le passé. Sur place, les vents forts (80 km/h) nous avaient contraints à oublier la première journée. Le lendemain, nous avions bien débuté par la prise d’un 80+. Puis, il nous avait fallu attendre le début de l’après-midi pour comprendre que les brochets étaient tapis sur le fond. A ce moment, nous avions mené une pêche de moins en moins pratiquée c-à-d le manié au moyen de gros leurres souples (20 cm). En fin d’après-midi, alors que l’activité était à son maximum, nous avions été rejoints par de fortes pluies. Ce qui nous avait obligé à stopper. Nous avions quitté cette région naturelle avec l’envie d’y revenir mais aussi avec un beau souvenir.

Total des prises : 10 : 4<70 cm ; 2<80 cm ; 3<90 cm et 96 cm.

Sixième sortie.

Pour ces deux derniers jours de pêche en Hollande-Méridionale, nous avions eu une météo printanière, vent léger du sud, soleil et dix-sept degrés le jour. Nous avions décidé de rester le long des polders et des canaux. En raison des épandages de lisier, beaucoup de ceux-ci étaient impraticables. Dès nos premiers lancers, nous avions magnifiquement réussi sur le premier poste avec les prises de trois 70+ dont 112 cm. Les attaques avaient été franches sur nos nouveaux leurres souples suédois.

Sur le deuxième poste visité, nous n’avions eu aucune attaque ainsi que sur le troisième. Sur le dernier de la matinée, nous avions renoué avec le succès en réalisant deux 80 + dont 98 cm. Ensuite, il nous avait fallu attendre la fin de l’après-midi pour compléter notre score en y ajoutant quatre prises dont un 80+. En ce qui concerne la deuxième journée, nous avions galéré pour réaliser deux 65+.

Total des prises : 13 : 5<70 cm ; 4<80 cm ; 2<90 cm ; 98 cm et 112 cm.

Bilan des prises pour cet hiver : 143 : 47<70* cm ; 66<80 cm ; 20<90 cm ; 5<100 cm et 5<112 cm.

70* : supérieur à 65 cm.

En 15 jours de pêche.

Le brochet et sa traque.

Aujourd’hui, on parle le plus souvent de pêcheurs de carnassiers au sens large car en dehors des lieux où le brochet est dominant, il existe très peu de pêcheurs qui, comme nous, s’attaquent à ce seul prédateur. En outre, pour ces derniers, il faut distinguer les pêcheurs habitant sur les lieux et ceux qui sont obligés de se déplacer parfois sur de très longues distances pour assouvir leur passion. Pour le second groupe, dont nous faisons partie, la réussite passe par une connaissance pointue du brochet et une bonne logistique. Voici ce que plusieurs années de traque exclusive du brochet en bateau nous ont appris à ce sujet.

Une connaissance pointue du brochet.

Nous entendons par là une connaissance parfaite de son anatomie, de ses mœurs et surtout de son biotope, bien entendu. Mais à cela, il faut ajouter les enseignements de terrain. Ceux-ci nous ont permis de distinguer trois types de brochets. Il y a tout d’abord les sédentaires. Vivant à poste fixe, ils sont très souvent pris par les locaux et il est difficile de les tromper une seconde fois. Puis viennent les brochets nomades, que nous appelons également les « brochets loup » car ils se déplacent en groupes. Enfin, il y a la catégorie des brochets asociaux, ainsi qualifiés parce qu’ils vivent seuls ou par paire. Aujourd’hui, ils portent le nom de brochets « pélagiques », c’est-à-dire les brochets qui vivent entre deux eaux. C’est la catégorie des « gros de gros » difficiles à trouver. Nous considérons que la catégorie des « loups » est la plus intéressante pour la pêche sportive car c’est là que l’on trouve le plus grand nombre de brochets échappant à la pression halieutique.

Les loups.

C’est en Irlande, en écoutant les locaux, que nous avons découvert leur existence. Ces brochets ont toujours existé et aujourd’hui, en raison de la limpidité des eaux, ils sont de plus en plus nombreux. Ils n’ont pas de territoire fixe. Ils se tiennent en groupe et vivent en suivant des routes bien précises qui sont généralement situées à la limite des cassures. C’est là que se trouvent les meilleures conditions leur permettant de se mettre en embuscade, de chasser ou de fuir. Ces poissons sont reconnaissables à leur morphologie : une mâchoire puissante, un corps fusiforme musclé et une large caudale. Il leur est très facile de se déplacer dans des milieux ouverts comme le sont les rivières, les fleuves et les lacs. Ils peuvent parcourir des dizaines de kilomètres à la recherche de bancs de poissons, de zones propices à la chasse et d’eaux fraîches ou plus chaudes suivant la saison. Il ne faut pas les confondre avec les regroupements de brochets qui s’opèrent au moment du frai. C’est le type de poisson que nous aimons traquer sur de très longs parcours durant des journées entières. Une fois que nous les avons localisés, nous les harcelons aux leurres ou au mort manié. Ce sont des moments de pêche très intenses car ces brochets sont agressifs et combattifs.

Cas vécu.

Nous étions à Gowna, en Irlande, au siècle dernier (1995…) afin de pêcher un loch de 1.100 ha. Nous avions eu la chance d’y rencontrer un pêcheur français renommé et passionné par la pêche du brochet. En l’écoutant, nous avions surtout retenu qu’il était possible de capturer en une soirée plus de vingt-cinq brochets par poste et ceci à la condition de pouvoir les localiser. Cela nous avait paru étonnant mais emballant.

Lors de notre première journée, nous avions pêché en dérive sans succès, jusqu’au moment où un premier brochet s’était fait prendre. Puis, ce fut de nouveau le calme plat alors que nous avions l’impression que ce poisson n’était pas seul. Cette impression s’était vérifiée car en fin d’après-midi, nous avions retrouvé un groupe de brochets à l’aplomb d’une très longue cassure. A la fin de cette journée, nous avions donc vécu le scénario que ce pêcheur nous avait raconté, avec un total de trente-six brochets pris au manié ! Aucun de ces brochets ne mesurait moins de 75 cm... Le lendemain, ils avaient disparu ce qui, pour les locaux, était normal !

En 2015, toujours en Irlande, alors que nous étions occupés à dîner en laissant dériver notre bateau ainsi que nos leurres, nous nous étions retrouvés sans en être conscients au milieu d’une horde de brochets qui n’avaient pas hésité à attaquer nos leurres. Le lendemain, ils avaient également disparu et il nous avait fallu une journée entière pour les retrouver.

Cela est également vrai sur le Leman ou encore sur le Lough Erne.

Les asociaux.

De très gros spécimens peuvent accompagner ces bandes de brochets. Toutefois, ceux-ci ne vivent pas à l’intérieur du groupe mais à l’écart, généralement à deux. Nous pensons qu’avec le temps, ils s’écartent du groupe pour vivre plus sereinement en pleine eau, en suivant la thermocline. Difficiles à identifier autrefois, ces asociaux le sont beaucoup moins aujourd’hui grâce aux échosondeurs. Ce qu’il faut surtout retenir, c’est qu’ils sont terriblement susceptibles. Une mauvaise approche et un mauvais choix de leurre les rendront boudeurs. Il est conseillé de lancer très peu sur de tels brochets repérés. Si le succès n’est pas là, il est préférable de s’en écarter afin d’y revenir plus tard pour tenter une nouvelle approche avec un autre leurre.

Comment mener une traque au brochet ?

Pour nous, une traque au brochet commence toujours par une pêche à la traîne sportive au moyen d’une canne par pêcheur. Beaucoup de nos collègues pratiquent la traîne à deux cannes fixes par pêcheur. C’est un choix et cela donne une chance de plus mais ce n’est pas notre méthode car beaucoup de choses se passent en cours de pêche et avoir ses cannes dans des étriers ne permet pas de les interpréter. Nous traînons lentement un leurre dur ou souple de type « big bait » ou encore un poisson mort que nous manions en suivant une route préétablie. A ce moment, notre but est de localiser les poissons et de juger de leur agressivité. Nous n’insistons pas sur les postes saisonniers. Là, nous prenons ce qui vient. Par contre, sur des postes de chasse plus discrets en pleine eau comme, par exemple, un haut-fond bordant une cassure, un fond bordé d’herbiers, une surélévation ou encore un plateau, nous gardons un œil très attentif sur l’échosondeur. Plus de deux prises sur un de ces endroits signifie qu’il y a un espoir qu’il y ait davantage de poissons. Dans ce cas, nous marquons l’endroit d’un « waypoint », nous le laissons « reposer » et nous y revenons ensuite pour y pratiquer une pêche au manié. A ce moment, la discrétion est une condition indispensable de réussite car, si les brochets sont encore là, il est certain qu’ils se tiennent non loin de la surface, prêts à attaquer. En cas d’erreur, ils fuiront rapidement vers les profondeurs. C’est pourquoi, il est conseillé de pêcher en se positionnant largement en retrait. Les brochets attaqueront si le choix du leurre est bon et si l’approche est bien menée.

Le choix des leurres.

Nous avons déjà traité de la chose dans des articles antérieurs mais il nous paraît important de revenir plus en détail sur ce point essentiel. Notre sélection est effectuée en se basant sur l’appétit du brochet et sur ses sens : vue, perception acoustique (vibrations) et olfaction. Toute la difficulté est de choisir le leurre qui va déclencher rapidement les attaques.

Types de leurres.

A la traîne, nous utilisons des leurres durs flottants. Ceux-ci doivent évoluer au-dessus des brochets, sans quoi il n’y a pas d’attaque. C’est une des conditions de succès. Si nous devons descendre profondément, nous le faisons au moyen de leurres souples. La pêche est alors plus technique et demande un ajustement constant de la profondeur de nage, ce que nous faisons en jouant sur le plombage et la longueur de la ligne. Le leurre ne doit pas nager à moins d’un mètre du fond.

Pour pêcher les postes, nous utilisons essentiellement des leurres hybrides très représentatifs : perches, anguilles, truites, brochets, gardons ou brèmes. Ces leurres sont très prenants et c’est un véritable must de pouvoir les utiliser. Toutefois, ils devront répondre à nos critères de taille, de couleur, de fréquence et aussi olfactif. A défaut, nous utilisons des leurres segmentés.

La taille.

Celle-ci varie de quatorze à plus ou moins vingt centimètres. En-dessous, les leurres sont moins incitatifs pour les gros brochets. Au-dessus, ils deviennent épuisants pour le matériel ainsi que pour le pêcheur. En outre, les leurres de plus de vingt centimètres répondent à des conditions de pêche bien précises qui peuvent être mises en œuvre beaucoup plus facilement à la traîne, une technique qui nous intéresse de moins en moins actuellement.

La couleur.

Pour avoir entendu le contraire, nous insistons sur le fait suivant : le brochet perçoit très nettement les couleurs. Ce paramètre est donc important. Aujourd’hui, les eaux deviennent de plus en plus limpides un peu partout ce qui, normalement, devrait jouer en faveur des teintes imitatives, voire naturelles. Pourtant, nous continuons à remarquer l’attrait du brochet pour les contrastes engendrés par les couleurs « flashs ».

En tenant compte de l’absorption différentielle par l’eau des couleurs (ondes lumineuses) qui composent la lumière, de la limpidité des eaux, de la luminosité du moment ainsi que de la profondeur, nous cherchons la couleur du jour. Par exemple, par eau limpide et temps sombre et venteux, nous irons vers le vert fluo avec de l’orange ou du jaune ou, plus simplement, le « fire tiger ». Sur le même poste, par ciel de traîne ensoleillé, nous irons vers le bleu associé à un jaune fluo afin de pousser l’agressivité du brochet à son maximum. C’est pourquoi, nous embarquons avec une sélection bien précise de leurres et de teintes en fonction de la météo.

La fréquence ou la vibration d’un leurre.

Ce critère est déterminant pour la pêche des postes, particulièrement pour les leurres souples. Par « fréquence » ou « vibration », nous entendons la fréquence de déhanchement « droite gauche » du leurre. Ce critère est déterminant selon l’humeur du brochet. Si le brochet est actif, nous pêchons en utilisant des leurres à forte fréquence. C’est généralement le cas au printemps et en automne. Si le brochet est en phase de repos ou inactif, ce qui arrive régulièrement en dehors des phases de frénésie, nous privilégions une pêche lente au moyen de leurres à faible fréquence.

Nous sommes relativement méfiants par rapport aux billes métalliques et aux tubes bruiteurs (« rattles ») destinés à générer un signal auditif supplémentaire. Une seule exception : les leurres imitatifs, auxquels nous essayons d’associer le bruit de la nage du poisson imité par l’ajout d’un tube bruiteur. Ce petit perfectionnement peut faire la différence.

L’olfaction.

Contrairement à ce que l’on pouvait croire anciennement, l’olfaction est très développée chez le brochet. Des études anglaises ont révélé son importance et ont montré, notamment, que c’était un des paramètres à la base de la prédation des brochets adultes sur les brochetons. L’utilisation d’attractants est donc tout à fait pertinente. Encore faut-il qu’ils soient efficaces… Nous pensons que pour être efficace, la ou les molécules diffusées par l’attractant doivent correspondre à celle(s) dégagée(s) par un poisson stressé. Les recherches futures nous montreront peut-être qu’il convient d’utiliser un attractant par type de poisson imité, ce que nous serions prêts à croire. De ce côté, il y a encore énormément de choses à découvrir et il y a donc encore beaucoup à attendre de la part des fabricants. Dans l’attente, nous testons les attractants qui existent et, à défaut, nous utilisons nos préparations à base de poissons de mer.

Autres paramètres à surveiller.

En début d’année, nous établissons notre planning de pêche en tenant compte des éphémérides lunaires. Nous évitons de pêcher à la lune blanche, sauf lors des périodes de frénésie (trois semaines au printemps ainsi qu’en automne), où ce paramètre ne joue pas.

Ensuite, nous surveillons la pression atmosphérique. Une valeur stabilisée aux environs de 1.010 hPa est favorable à la pêche. Au-delà, il ne faut pas s’attendre à de bons résultats. Ainsi, l’arrivée d’un anticyclone n’est généralement pas une bonne chose car c’est synonyme d’une élévation de la pression atmosphérique. De même, une variation brutale de celle-ci conduit directement à un blocage de l’activité. Le brochet devient inactif et reste sur le fond ou en suspension pour les pélagiques.

A cela s’ajoute la direction des vents. Lors de l’automne 2016, la pêche du brochet a été ponctuée de nombreux mauvais jours pour peu de bons. Durant les jours fastes, la provenance des vents oscillait du sud-ouest au nord-est.

Sur place, nous prenons également la température de l’eau, afin d’avoir une idée de la stratification thermique. Cela nous indique la profondeur de recherche, surtout pour les pélagiques, lesquels ont tendance à suivre la thermocline. Enfin, comme décrit précédemment, nous tenons également compte de la couleur de l’eau ainsi que de la luminosité.

En guise de conclusion.

Aujourd’hui, la recherche spécifique de poissons dépassant le mètre est très à la mode.

Voici dix conseils destinés à maximiser les chances de réussite dans cette traque :

- Pêcher dans des eaux réputées pour la présence de poissons métrés, sans quoi c’est très hasardeux et c’est se donner beaucoup de mal pour peu de succès.

- Ne penser que « gros brochets » au moins durant soixante jours par année, même dans les moments difficiles.

- Pêcher aux meilleurs moments de l’année : à l’approche du frai du blanc et après l’équinoxe d’automne.

- Pêcher les meilleurs postes : là où les eaux sont les plus fraîches et riches en poissons, en suivant les cassures bordées d’herbiers mais aussi en visitant plages et hauts-fonds.

- Pêcher en se positionnant largement en retrait des postes favorables.

- Utiliser un matériel adapté, c’est-à-dire un matériel puissant et léger ainsi qu’un échosondeur de qualité.

- Utiliser des leurres de 18 à 23 cm.

- Animer les leurres lentement sans jamais douter de soi.

- Ne pas négliger la pêche au poisson mort manié.

- Pêcher en prenant beaucoup de plaisir !

Article publié en automne 2018 dans le magazine halieutique : le Pêcheur Belge.

Ecrit par Anne et Alex, pêcheurs indépendants.